Livre la Boxe de Fernand Cuny

 


 
 
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Introduction


L’écrivain qui rédige une préface pour parler d’un livre qu’il a lu donne assurément à l’auteur une preuve d’estime assez considérable.

 

Mais que dira-t-on d’un préfacier qui, comme moi aujourd’hui, recommande un livre qu’il n’a pas encore eu le temps de lire ?

 

Je le fais cependant en toute confiance, simplement parce que ce livre est de Cuny, c’est-à-dire d’un professeur qui, à une compétence parfaite, joint une exceptionnelle intelligence de tout ce qui se rattache au « Noble Art » et de tout ce qui ne s’y rattache pas.

 

Cuny est un spécialiste qui ne s’est pas enfermé dans sa spécialité. Il connaît à la fois la boxe et la vie. Il sait évaluer non seulement les aptitudes athlétiques d’un athlète, mais encore toutes ses ressources intellectuelles morales. Cuny a donc toutes les qualités que doit posséder un maître à boxer et à combattre.

 

Croyez-en un de ses amis ; croyez en un de ses élèves, qui, un peu âgé pour profiter de ses leçons, a compris (tout en esquissant des crochets et des directs), l’avantage qu’il y avait à écouter un tel professeur, à connaître un tel homme.

 

Tristan Bernaud.

 


 

Préface

 

Mon vieil et précieux collaborateur Cuny me fait le très grand honneur de me demander pour son excellent ouvrage, une préface. J’ai eu beau essayer par de multiples arguments de convaincre Cuny qu’il vaudrait bien mieux pour lui, demander cette préface à une personnalité bien plus qualifiée que moi, suspect d’abord de trop bons sentiments à l’égard de l’auteur à recommander, suspect peut-être aussi parce que, ayant des intérêts dans la boxe, mon jugement pourrait s’en ressentir.

 

Mais comment nie dérober à l’insistance si flatteuse d'un ami pour qui j’ai vraiment une estime sans réserve et une très sincère affection ? Qu’il me soit donc permis de dire combien l’œuvre de Cuny est recommandable, combien elle est appelée à rendre des services à un sport destiné selon moi, et beaucoup d’autres, à contribuer pour une large part au relèvement de la virilité française.

 

Si l’on s’adresse à ceux qui connaissent la boxe anglaise, je crois bien que l’opinion sera unanime à cet égard : Cuny est l’un des meilleurs, sinon le meilleur des professeurs ! Cela suffirait pour établir la haute valeur du livre de Cuny, car, comment apprendre la technique de la boxe mieux qu’en s’inculquant les leçons écrites du meilleur des professeurs ?

 

Or, Cuny ne se contente pas d’expliquer la technique de la boxe de façon à initier les profanes, mais encore son ouvrage fourmille de conseils excellents — véritables leçons — dont tous ceux qui boxent pourront faire leur profit. Et Cuny est un simple d’origine, d’éducation, de manières et de langage ; il écrit comme il parle.

 

Aussi son ouvrage est-il écrit simplement, donc clairement, et sera-t-il parfaitement compris. Ceux qui ne pratiquant pas la boxe, en savent peu de chose trouveront dans « La Boxe » les éléments d’une solide érudition qui leur permettra de suivre les combats, de les analyser et d’en parler avec une compétence qui surprendra ceux qui n’en connaîtront pas l’origine. Les pratiquants, même parmi les meilleurs, apprendront certainement de Cuny des choses utiles.

 

Au moment où tant de gens sont pris de la manie d’écrire, ce qui nous vaut tant d’ouvrages, dont on peut se demander à quoi ils servent, c’est chose agréable à faire que de pouvoir recommander un livre d’une utilité aussi incontestable que celle de La Boxe.

 

Cuny, on se plaît à le répéter, a rendu à la boxe d’incomparables services. Il fut un initiateur, et c’est lui qui forma les premières phalanges de nos boxeurs parmi lesquelles surgirent nombre de grands champions. D’une probité sportive, incontestée et admirée par tous, il a travaillé et travaille encore à la dignité d’un sport que des intérêts matériels contribuent parfois à menacer.

 

Son ouvrage est le couronnement d’une carrière utile — la plus belle des carrières — car il permettra de mieux comprendre la boxe en attirant l’attention sur ce qu’il faut y voir au point de vue moral et scientifique en négligeant les contingences malheureusement inévitables, en apparence, que sont la violence, la brutalité, le sang ; il créera ainsi de nouveaux adeptes, il perfectionnera nos boxeurs.

 

Je puis conclure ainsi conformément à ma pensée que le livre de Cuny est un bienfait pour la boxe et tous ceux qui aiment ce sport lui souhaiteront comme moi le plus éclatant succès.

 

Th. Vienne.

 


 

Avant-Propos

 

Pour beaucoup de gens, il apparaît que l’art de la Boxe est un art difficile nécessitant de longs mois d’étude. C’est une grande erreur de penser ainsi. Rien n’est plus facile que d’apprendre à boxer, et je vais bien en étonner, quand je dirai que, au bout d’un mois environ de leçons, un débutant un peu débrouillard doit être en état de pouvoir faire assaut.

 

À condition, bien entendu, de ne faire en boxant que ce qu’il sait faire. Je ne veux pas dire, loin de là, que ce novice va boxer comme un champion professionnel, mais enfin, il peut et doit ne pas être grotesque. Tout d’abord, il est en boxe des principes immuables qui ne changent jamais, quel que soit le genre (la méthode pratiquée).

 

C’est justement ces principes que je vais développer au cours de cet ouvrage. Lesdits principes, je ne les ai pas inventés, ils ont le résultat d’études faites à l’école des meilleurs maîtres anglais et américains.

 

On parie bien souvent en France de méthode américaine et de méthode anglaise. Les véritables coups classiques sont exécutés de façon identique, à quelques insignifiantes variantes près, par les boxeurs scientifiques des deux nationalités. On discute à perte de vue sur la supériorité respective du combat de près et du combat à distance. Or c’est justement où est le mal, on parle toujours de combat, de bataille, alors qu’il s’agit de boxe.

 

On peut combattre sans boxer, mais il est mieux de boxer en combattant. D’ailleurs des deux choses la dernière est la meilleure, étant donné surtout, je le répète encore, que rien n’est plus facile que d’apprendre à boxer. Seulement, il faut d’abord commencer par là avant de combattre. D’autre part, on confond aussi la science de la boxe avec la variété du jeu. Un boxeur scientifique, à mon point de vue, n’est pas celui qui donne le plus de coups différents avec plus ou moins de brio, mais celui qui exécute ses coups de boxe, si peu variés soient-ils, d’une façon classique, avec précision, et qui ne fait que ce qu’il y a à faire au moment opportun, et ce, avec le moins d’efforts possible. En Angleterre, berceau de la boxe, le dernier des novices, comme n’importe quel habitué d’un établissement où l’on donne des matches de boxe en spectacle, connaît ces principes fondamentaux. Et, aucune faute commise par un boxeur n’échappe aux yeux avertis du public anglais.

 

 


C’est ce qui explique pourquoi beaucoup de boxeurs français, ayant combattu outre-Manche, se sont plaints d’avoir été souvent victimes de mauvais verdicts rendus par les arbitres anglais qui attachent une importance énorme à ces principes élémentaires. Je ne discuterai pas ici, ce n’est pas la place, le ou mal fondé de cette façon d’arbitrer, mais tout de même, on envisage trop chez nous la boxe comme une attraction plutôt qu’un sport. Quand je dis que le public voit trop le côté attraction de la boxe, ce n’est pas que trop de monde se dérange pour aller assister à des matches de boxe.

 

Bien au contraire, il n’y en aura jamais assez et je regrette que nous soyons loin encore de voir, en France, d’aussi nombreuses multitudes assister, ainsi qu’en Amérique et en Australie, aux grands combats de boxe. Mais, pour préciser ma pensée, j’aimerais que chaque spectateur attitré de matches de boxe pratiquât ou ait pratiqué pendant un certain temps la boxe, dans une salle ou dans un club, sous la direction d’un instructeur compétent.

 

Qu’on ne me dise pas que cette idée est une utopie. Tout le monde peut s’adonner à la boxe, le riche comme le pauvre, car s’il est des professeurs et des clubs chers, je connais des instructeurs très capables qui donnent des cours de boxe depuis 5 à 10 francs par mois, et je sais des clubs sérieux dont la cotisation mensuelle n’excède pas deux francs.

 

Le fort et le faible peuvent boxer aussi bien l’un que l’autre chacun avec leurs moyens différents. Qu’on ne vienne pas me dire non plus que certains n’ont pas le temps de faire du sport. Dans les gymnases, salles ou clubs, on boxe depuis les premières heures de la matinée jusqu’à l’heure la plus tardive de la soirée. C’est bien le diable si, dans le courant d’une semaine, on ne peut disposer d’une heure ou deux soit le matin, l’après-midi ou le soir. Et qu’on n’aille pas croire que l’apprentissage de la boxe ait comme conséquence directe pour l’élève la mise au beurre noir des yeux, l’écrasement du nez, l’ébrèchement des mâchoires ou la fracture des côtes. Ce sont les arguments, absolument faux d’ailleurs, des adversaires du sport de la boxe. Les accidents cités plus haut sont même excessivement rares, pour la plupart, chez les professionnels, qui combattent en public avec des gants légers du poids de 4 onces, gants par conséquent peu rembourrés. Or donc, un élève ou un amateur, qui boxe à la salle munie de gros gants de 8 onces, très rembourrés, ne peut se faire aucun mal, soit qu’il s’exerce avec le professeur ou qu’il fasse un assaut amical avec un camarade.

 

Ainsi, tous ceux qui sont des fervents ou des admirateurs de la boxe, et qui ne la pratiquent pas, sont absolument sans excuse, car ceux qui disent ne pas avoir assez de soufflé en acquerront, ceux qui sont trop gros maigriront, ceux qui sont faibles prendront de la force, ceux qui sont maigres grossiront. Ceci a l’air d’une réclame de charlatan, et pourtant, c ’est la plus exacte des vérités et je défie n’importe qui de me contredire, fût-ce le plus ignare en matière de sport ou d’exercices physiques.

 

En tous cas, il ne devrait y avoir aujourd’hui aucun jeune homme valide qui n’eût jamais pratiqué « le noble art » pendant au moins quelques mois. Je n’insiste plus sur les bienfaits physiques de l’exercice de la boxe, tout le monde les connaît. Au point de vue moral, c’est également la chose plus excellente. Indépendamment des qualités de jugement, de décision, d’à-propos, développées à un très haut degré, j’ai observé que les jeunes gens s’adonnant à la boxe devenaient meilleurs au sens humain du mot, et leur raisonnement ainsi que leurs idées beaucoup plus sérieuses.

 

La pratique de la boxe semble les « mûrir » en quelque sorte et l’on pourrait dire que, comme les voyages, la boxe forme la jeunesse. Elle apprend en effet à ne compter que sur soi- même, et les plus belles qualités de l’homme : la vaillance, le courage stoïque, l’énergie, l’esprit chevaleresque, sont l’apanage naturel du boxeur.

 

Fin de l'extrait.

 


 


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